Chapitre 14: Avril

J'avais un BTS Blanc au mois d'avril, et le dernier jour, nous avions décidé avec les filles de ma classe de sortir fêter ça.
Jules avait déjà eu un premier contact avec une copine à moi: Kaïla, à qui il avait demandé son numéro en cas d'urgence, si moi j'avais plus de batterie ou pour pouvoir me joindre. Ah, car depuis Octobre, plutôt, depuis ma tentative de suicide d'Octobre, Jules avait bloqué mon numéro. D'après lui, c'était trop dangereux s'il me laissait l'appeler, car sa femme pouvait tomber dessus, ou simplement, que comme "je respectais rien", alors il avait pas à me laisser la liberté de le joindre à ma guise. Donc par mesures de "precatution" d'après lui, il bloquea mon numéro. C'est pour cela qu'il avait certains numéros de mes copines, en cas de besoin. 

Kaïla était, à mes yeux la grande soeur que je n'ai jamais eu. Protectrice, grande gueule, drôle câline, aimable. Mais attention, il ne fallait pas "que je m'emballe" d'après Jules. Pour lui, l'amitié se construit sur des années (c'est le cas bien entendu, mais pour construire une amitié, il faut bien commencer par quelque part!) mais montrer une quelconque marque d'affection au bout de 3 mois de rencontre était pour lui gamin, voire débile. Donc dès que j'étais heureuse que mon (ancienne) amie Kaïla m'invite, me téléphone, me montre de l'importance, il fallait que je me calme. Il me posait des questions telles que "tu crois que cette fille sera là avec toi toute ta vie? Non, c'est une connaissance. Ca fait pas longtemps que tu la connais donc arrête de t'emballer!" . En même temps, il ne voyait pas à quel point j'étais heureuse d'avoir des copines, vu que toutes celles que j'avais il les a éliminées, ou a fait en sorte qu'elles s'éloignent.
De plus, Kaïla était très amie avec Elsa, que j'appréciais beaucoup. On formait, je trouvais, un joli trio. Elsa était sensible, douce, comprehensive. Kaïla et elles se complétaient, et moi elles me complétaient. Je les adorais, et je voulais que notre amitié soit forte, qu'elle dure éternellement. Mais Jules s'est chargé de les éliminer, en m'utilisant pour cela, telle son pion. 

Pour en revenir à la soirée, j'avais prévenu Jules qu'on allait manger PUIS aller au bar. Nous étions 3: Kaïla, Gina et moi. Elsa et son copain (ainsi que d'autres amis) nous ont rejointpar la suite. 
Nous avions opté avec mes copines d'aller directement au bar, et de voir comment la soirée allait se dérouler, comme toutes jeunes filles de nos âges. Mais pour Jules, cela était incompatible. Si je lui avait dit qu'on allait manger un morceau PUIS aller au bar, pourquoi on ne l'a pas fait ainsi? Il commençait déjà à stresser. 
Lorsque je lui ai dit où nous étions, il m'a demandé "t'es au Ayers? ça danse la bas non?". C'est une quesiton comme une autre. Mais pour le PN, c'est une raison de plus pour vous attaquer, vous détruire. Si ça danse, alors ça veut dire que vous êtes une salope, que moi et MES copines on allait faire nos "aguicheuses". 
Le fait est que mon amie Kaïla prit mon portable, et me demanda de m'amuser. Je l'ai ecoutée, et je l'ai mis à charger. En espérant que Jules me laisse tranquille. Mais ce fut le début d'un tourbillon. 
Kaïla a écrit à Jules "J'ai besoin de mon amie, je te la pique!" mais pour Jules, c'était trop. Premièrement, pourquoi ma copine me prenait mon portable? J'étais une petite fille c'est ça, qui ne peut pas s'imposer? Pourquoi avais-je laissée cette fille s'imisser dans notre intimité?
Kaïla a son tour reçut es messages, et ce, de 20h à 4heures du matin NON STOP. Kaïla essayait tant bien que mal de le rassurer, de lui dire qu'on voulait faire une soirée, de lui dire qu'on allait "être sages". Mais il insistait et insistait. Pour le coup, c'est elle qui a passé sa soirée avec son portable. Et j'ai pu me rendre compte que cet homme vampirise les autres. Elsa a son tour prit le portable de Kaïla et a demandé de nous laisser tranquilles car elle voyait dans l'étant dans lequel il nous mettait. Une situation de stress permanente. 
A la fin de la soirée, n'en pouvant plus, je suis sortie, et j'ai atérri sous un pont. Impossible de me souvenir comment j'étais arrivée là. J'ssayais, j'essayais et j'essayais d'appeler Jules. Mais ce connard n'a jamais répondu. JAMAIS. J'étais punie.

Mes amies, inquiètes, ont aussi essayé de le joindre. Impossible. Elsa l'a même gentillement menacé, elle le supplia de répondre, sinon "il allait comprendre ce que ça serait d'être harcelé". Mais elle le faisait pour moi. Personne n'y voyait aucun mal, pas même moi. Elle voulait qu'il me réponde,elle voulait qu'on se réconcilie.
Inutile de vous dire ce que le lendemain Jules attendait: DES EXCUSES. Oui, ELLES l'avaient harcelée, menacée, elles ont pris mon téléphone. Alors elles devaient s'excuser, rétablir ça. Moi aussi je devais rétablir ça. Mais le seul coupable la dedans c'était lui. 
Alors je devais faire un choix: elles ou lui. j'avais osé passer la soirée à m'amuser, à le laisser SEUL, sans nouvelles alors que je DEVAIS le rassurer. J'avais passé une soirée avec des filles qui ont pris mon téléphone e tje les avait laissé faire, des filles qui l'ont insulté (il croit toujours qu'on l'insulte mais le seul lui insulte autrui), des filles qui vont au Ayers DANSER, des filles qui ne se sont pas excusées de leur comportement. C'était évident, elles n'étaient pas dignes d'être dans ma vie.
Alors j'ai essayé. j'ai essayé, à bout de force, de concilier tout le monde. Mes amies n'ont pas compris ma réaction. De plus, chaque conversation devait être envoyée à Jules. Et bien sûr, si je ne le défendais pas lorsqu'on essayait de me raisonner, lorsqu'on me montrait noir sur blanc qu'il était malade et en tort, alors j'étais encore plus punie. Il me disait de leur écrire, d'avoir des explications, de m'enerver, et tous les jours qui ont suivi cette soirée il exigea de moi que PERSONNE ne pouvait l'atteindre. Il me ressortit l'histoire de David, il a dénigrée Kaïla, qui est aussi khabile. "Encore une racaille. T'as peur d'elle c'est pour ça que tu ne lui dis rien. Pourquoi tu traînes avec cette arabe? Tu es attiré par les ratonnes, par la racaïlle, pas étonant qu'entre elle et moi ça ne passe pas". 
Elsa m'a fait la faveur d'écrire à Jules. Et sa réponse fut celle d'une ordure: "la prochaine fois que cela se produit, je serai moins gentil". J'ai fait pleurer, pour la première fois de ma vie, une amie. Et là, tout s'est brisé. Mon amitié avec ces filles là, ma confiance, mon courage, mon coeur. J'avais tellement envie de les garder près de moi. Elles me manquent.